La photographie d’une performance de Joël Andrianomearisoa fait la première de couverture du numéro Madagascar de Revue Noire, en 1997. Tout un symbole renouvelé en 2022 par l’exposition ESPRIT REVUE NOIRE UNE COLLECTION FONDATRICE, ici à Hakanto Contemporary, à Antananarivo, plus de vingt ans après.
La revue, la maison d’édition et de production ont été fondées en 1990 par Jean Loup Pivin et Pascal Martin Saint Leon (tous deux architectes, directeurs artistiques, curateurs), Simon Njami (écrivain et curateur) et Bruno Tilliette (éditeur et écrivain).
Magazine d’investigation des expressions contemporaines africaines, marquant les années 1990 – 2000, Revue Noire offre une image nouvelle et inconnue de la vitalité de la création, de la modernité, de la profusion des arts et des artistes d’Afrique et de sa diaspora. Diffusée dans le monde entier, la revue internationale bilingue — français/anglais — joue un rôle essentiel dans l’histoire de l’art contemporain africain et révèle nombre d’artistes, des arts plastiques à la photographie, du cinéma à la danse, de la mode au design, ainsi que la littérature en faisant émerger une nouvelle génération d’écrivains.
Son rôle est pionnier en matière d’art contemporain africain et plus particulièrement dans la révélation de la photographie africaine. L’exposition proposée à Antananarivo est issue de l’exposition L’Afrique par elle-même qui a circulé de Paris (Maison Européenne de la Photographie) à São Paulo (Biennale), de Washington (Smithsonian) et New York (New Museum of Contemporary Art) en passant par Londres (Barbican), Bruxelles (Tervuren), Cape Town et Berlin… Le livre Anthologie de la Photographie africaine, de l’océan Indien et de la Diaspora (1998) qui lui est associé et chaque numéro de Revue Noire posent ainsi la première pierre d’une histoire de la photographie africaine.
Dans le numéro Madagascar de 1997, près de vingt photographes malgaches étaient publiés. Aujourd’hui, l’exposition Revue Noire à Antananarivo est axée naturellement sur l’histoire de la photographie africaine en 140 photographies dont la presque intégralité est composée d’originaux et de vintages. Des vidéos produites par Revue Noire sont diffusées tandis que l’ensemble des publications de Revue Noire est exposé afin que le visiteur participe à l’approche de Revue Noire.
Édité chaque trimestre, chacun des numéros dresse un panorama issu d’un comité de rédaction établi sur place, pays par pays. D’autres numéros traitent d’une problématique plus spécifique, liée à une discipline, la photographie, la danse, la mode ou à des faits de société comme la ville, la cuisine ou encore le Sida qui ravage le continent. S’engageant dans ce combat de survie, Revue Noire produira en 1995, alors qu’aucun traitement n’existait alors, Les artistes africains et le Sida composé d’un numéro de Revue Noire, de films de cinéastes africains, d’un Cd et d’une émission qui sera diffusée sur les chaines de télévision africaines.
Ce travail « global » de Revue Noire est bien dans l’esprit de ses créateurs. On le retrouvera dans l’exposition Suites africaines à Paris en 1996 où artistes plasticiens, danseurs, photographes, écrivains, performeurs seront réunis dans un espace effervescent et de libres promenades.
Aujourd’hui, la maison d’édition poursuit publications et expositions, comme tout récemment à Toulouse, au Musée des Abattoirs, présentant les diverses facettes de Revue Noire à travers édition, art, photographie, musique, vidéo. C’est dans le même esprit qu’a été conçue l’exposition de Hakanto Contemporary.
Jean Loup Pivin et Pascal Martin Saint Leon
EXPOSITION JUSQU’AU 6 MAI 2023
L’exposition Esprit Revue Noire une collection fondatrice présente les œuvres des artistes :
Joseph Moïse Agbojelou . Daniel Attoumou Amicchia – Agence Anta . Cornélius Augustt Azaglo . Agence BTEM-SGM-FTM . Mama Casset . Jean Depara . Drum . Gahité Fofana . Samuel Fosso . Antoine Freitas . Dorris Haron Kasco . Rotimi Fani-Kayodé . Seydou Keïta . Philippe Koudjina . Zwelethu Mthethwa . Ambroise Ngaimoko Studio 3 Z . Yves Pitchen . Alain Nzuzi Polo . Ramilijaona . J. Randria . Joseph Razaka . Guillaume Razafitrimo . Studio Rill Maurille Andrianarivelo – Abdourahmane Sakaly . Malick Sidibé . Anonyme de Saint-Louis du Sénégal
Exposition du 26 novembre 2022 au 6 mai 2023 Commissariat par Jean Loup Pivin et Pascal Martin Saint Leon
Avec les artistes Rose Kely Ranarivelo . Andy Rasoloharivony . Fitiavana Ratovo . Sanka
À l’image de ces mots volants sur un tableau noir, La nouvelle main est un balbutiement de quatre jeunes malagasy. Sont-ils artistes ou non ? Vont-ils devenir artistes ? Telles sont les questions posées ! Telle est l’intrigue ! Justement ici il n’est pas question de devenir un artiste, mais plutôt de révéler leurs engagements dans la création, leurs désirs de se projeter dans les formes d’aujourd’hui ou de demain dans la belle insouciance de la jeunesse.
À Hakanto Contemporary aujourd’hui, nous sommes fiers de révéler au public quatre jeunes artistes, figures émergentes de la nouvelle scène contemporaine malagasy à travers des œuvres monumentales et inédites produites spécialement pour l’exposition.
Rose Kely Ranarivelo, Andy Rasoloharivony, Fitiavana Ratovo et Sanka ont tout d’abord participé à des ateliers/workshops organisés par Hakanto Contemporary. Des rencontres qui sont mises en place régulièrement dans le but d’encourager le dialogue et les échanges entre les artistes issus de différentes disciplines. Et surtout pour révéler de nouvelles énergies.
Imaginées comme des espaces de discussion et de réflexion collective, ces rencontres ont permis non seulement d’identifier les quatre jeunes artistes de cette exposition, mais aussi de les accompagner dans la mise en forme de leurs idées de création. Car, à ce stade de leur parcours, ils sont tous encore dans une démarche de recherche. Ils continuent d’explorer les possibilités esthétiques à travers et à partir de leurs propres médiums, jusqu’à expérimenter d’autres supports et d’autres formes. L’accompagnement spécifique, qui leur a été donné en préparation de cette exposition, mettait l’accent en particulier sur l’importance de maintenir cette ouverture dans chacune de leurs démarches.
D’emblée, ces jeunes artistes sont animés par le désir de franchir de nouvelles étapes dans leur lancée. Ils ont l’envie d’aller de l’avant, ainsi que de trouver de nouvelles directions à leurs travaux, les nourrir et leur donner de nouvelles perspectives. Ces artistes en devenir cherchent le moyen de sortir de leur propre zone de confort, de leurs habitudes ou encore de leur solitude. Et malgré le contexte avec l’avenir flou que réserve cette voie qu’ils ont choisie, ils n’en démordent pas. L’envie d’expérimenter, de s’exprimer ou tout simplement d’exister prime sur tout le reste et résonne ici dans chaque geste, proposition et matière.
L’image, le métal, la terre cuite, le textile ou encore le papier… les matières s’entremêlent dans un jeu de dialogue, de contraste et de confrontation. Elles reflètent une forme de pluralité qui trouve son point de ralliement dans le propos des œuvres, toutes nourries par des histoires personnelles et des expériences sociales de chacun. C’est sans doute ce qui fait le charme et l’esprit des premières œuvres en général, et la qualité des pièces de ces jeunes artistes en particulier, elles se révèlent à la face du monde comme des autoportraits de leurs auteurs. Dans le cas précis de ces installations, la force de chaque proposition réside dans cette forme d’équilibre et de justesse, car il n’existe pas d’exercice plus périlleux que celui de parler de soi et de son propre univers, avec le dilemme posé par les formules et les représentations.
TSARASAOTRA Par le biais de son histoire familiale, Rose Kely Ranarivelo réinterprète à travers sa pièce un moment qu’elle affectionne particulièrement : Tsarasaotra. C’est à partir de plusieurs médiums tels que la céramique, le bois, la peinture, ses archives familiales que l’artiste restitue sur une table rêvée les composants de ce moment. En s’inspirant des essences de sa double culture franco-malgache, son installation entre en résonance avec les références culturelles et sociales en termes de goût et d’esthétique.
IRAY LALANA Pour réaliser son œuvre, Fitiavana Ratovo s’approprie d’un principe de construction que l’on côtoie dans la vie quotidienne. Cette série de tôles sculptées, accrochées à la manière d’une galerie de portraits, représente les membres d’une communauté qui partagent la même vision, les mêmes valeurs et projettent le même avenir. Iray lalana — qui signifie littéralement partageant le même chemin — sonne comme un vœu pour une prise de conscience collective de notre société en crise.
L’URGENCE DE LA FOI Par la force de la matière et la puissance de l’image, Andy Rasoloharivony invite et engage le spectateur à entrer dans une église pour faire l’expérience de L’urgence de la foi. Dans un jeu de contraste saisissant, le vidéaste présente en images des symboles forts de la foi chrétienne au milieu d’un décor de chantier. La lumière naturelle du jour, qui s’infiltre dans cet espace mystique et sacré, conduit l’expérience à son apogée.
IRETO MASO MIJERY AHY MIBANJINA ANAO MAMPITAMBERINA NY LASA NY VITA NATAO Sanka, quant à elle, nous plonge dans la profondeur et la puissance du regard, la fenêtre de l’âme. Elle présente une première œuvre qui met un accent sur sa longue expérience en tant que portraitiste en dessin. Cette pièce est composée d’une série de portraits originaux et d’une suite d’onomatopées gravée sur le noir pour rappeler ses premiers gestes.
La nouvelle main, une esquisse du futur plein d’incertitudes, mais avec la certitude de quatre jeunes espoirs avec leurs désirs de faire et de fabriquer leur temps.
EXPOSITION MONOGRAPHIQUE DU 30 AVRIL 2022 DU 30 JUILLET 2022
Entre rétrospective et hommage, l’exposition est consacrée à Emile Rakotondrazaka, plus connu sous le nom de Ramily ou encore affectueusement appelé Dadamily. En effet, Ramily est le père de la photographie contemporaine malgache en noir et blanc. L’exposition est un espace-temps mettant en avant, le génie d’un photographe, initiateur du noir et blanc, et laborantin hors pair.
EMILE RAKOTONDRAZAKA . RAMILY
Emile Rakotondrazaka, surnommé Ramily, ou Dadamily est né le 25 septembre 1939 dans le quartier d’Antohomadinika à Antananarivo. Aîné de 10 frères et sœurs, il est le fils du menuisier Rakotozafy et Razanapanalina.
À l’âge de dix ans, en 1949, il est alors élevé par le Pasteur Rasolonjatovo, qui a un fils photographe. Sa première rencontre avec la photographie commence lorsqu’il suit son frère d’adoption pour effectuer des « opérations cartes d’identité » dans les villes et villages de Madagascar durant cette période encore sous domination coloniale.
En 1956, à l’âge de 17 ans, Ramily travaille en tant qu’assistant-technicien de labo photo chez PHOTOFLEX, situé à Analakely sur l’Avenue de l’Indépendance et dirigé par le photographe français Mesli d’Arloze. Ses talents dans les techniques de développement de photographie en chambre noire commencent à attirer l’attention. Son employeur apprécie beaucoup sa maîtrise des procédés chimiques. Ramily excelle en tant que laborantin.
En 1968, il ouvre son premier laboratoire de développement — encore très modeste, mais déjà très connu — dans le quartier historique d’Ankadifotsy, au sous-sol d’une librairie tenue par sa femme.
Deux ans plus tard, en 1970, il déménage à Itaosy, où cette fois, il déplace son laboratoire de développement devenu plus grand et sophistiqué. Une première pour Madagascar. Il crée par la suite un studio de photographie. Plus tard, il commencera même un atelier d’encadrement en bois.
Entre les années 1970 et 2000, Ramily expose successivement dans les locaux d’Air Madagascar, au Centre Culturel Albert Camus (actuellement Institut Français de Madagascar), au CITE (Centre d’Information Technique et Économique), à l’Alliance Française de Tananarive et même dans les rues de la ville d’Antananarivo, avec un collectif d’amis photographes. Il a aussi participé à plusieurs éditions du Mois de la Photo et au festival Photoana, ainsi qu’une biennale de rencontres photographiques dans l’Océan Indien, qui ont toutes eu lieu à Antananarivo. À deux reprises, la revue internationale « Revue Noire » lui consacre même des articles.
Ramily est aussi membre fondateur de deux associations de photographes, dont l’Association des Photographes de Madagascar et l’Association des Photographes de Tananarive.
Parmi ses dernières parutions publiques, en 2007, il participe à une exposition internationale d’art contemporain, « 30 et Presque-Songes » initiée par Joël Andrianomearisoa à Antananarivo.
Icône de la photographie, Ramily est la référence du tirage argentique. Son œuvre a atteint son apogée dès les années 1970. Il a arrêté sa carrière de laborantin en 2003, l’année où il a été victime d’une attaque cardiaque. Ramily est décédé le 26 mars 2017 à Antananarivo, en laissant derrière lui des centaines de paysages poétiques, des tirages travaillés avec soin, les noirs et blancs des clichés de mariage et événements solennels, et surtout une passion inouïe pour la photographie partagée généreusement à de jeunes générations de photographes.
Ry Tanindrazanay malala ô ! Ry Madagasikara soa, Ny fitiavanay anao tsy miala, Fa ho anao ho anao doria tokoa.
Ô notre patrie bien aimée ! Ô belle Madagascar, Notre amour pour toi demeure, Et demeure à jamais.
Dans la tradition des expositions à Hakanto Contemporary depuis bientôt deux ans nous questionnons à chaque fois, le contexte, l’Histoire, notre présent et nous invoquons le futur.
Pour ce nouvel opus sans faillir à nos coutumes, nous positionnons aujourd’hui le propos autour de la notion de patrie – de pays – la terre. Et toujours ce passé présent futur comme rythme de cette nouvelle musicalité.
La terre Nous parlons souvent de cette terre rouge, ce bout de pays au large d’un continent, au large de l’Océan, au large du monde. Nous. Nous du grand océan comme le clame si bien Serge Henri Rodin. Madagascar. La mer autour et toujours une grande énigme.
Déclaration ? Questionnement ? Amour ? Distance ? Indépendance ? Le principe n’est pas de donner des solutions mais plutôt de dresser un constat émotionnel à l’aide de formules pluridisciplinaires. Des actions en noir et blanc jusqu’à l’affirmation d’un drapeau sans couleur. Des cœurs arrachés pour pouvoir verser l’encre de l’espoir. Un chant d’amour surgissant des effluves religieuses. Ou encore un plat familial transformé en feu d’artifice du haut de nos douleurs. Les réponses sont diverses. Parfois en dialogue, certaines en confrontation mais aussi en tension.
Acte d’amour Ny fitiavanay Voici donc une déclaration d’amour aux multiples nuances de 26 artistes malgaches à ce cher pays. 26 qui parlent des 60. 26 artistes. 60 ans d’indépendance. Comment faire le présent avec cet anniversaire ? Comment défaire l’Histoire ? Refaire les histoires. Et comment raconter le futur ?
Refaire son histoire, Récrire sa mémoire Larguer les amarres, Changer ses racines, Et construire, construire, encore et toujours
Michèle Rakotoson
Ny tena sy fo fanahy anananay Notre corps, notre cœur et notre âme
Une mélodie qui résonne pour faire parler les cœurs et les âmes en toute liberté. Oui parlons car il est temps.
– Joël Andrianomearisoa . Septembre 2021
Ry Tanindrazanay malala ô (Ô, Notre Chère Patrie / Ô Terre de nos ancêtres bien-aimés) est l’hymne national de Madagascar depuis 1958. Paroles . Pasteur Rahajason Musique . Norbert Raharisoa
HORS LES MURS DE HAKANTO
MALAGASY
Photographies de Rijasolo Tsena Pochard Rue Ampanjaka Toera . Soarano . Antananarivo
Tomorrow
Photographies de Viviane Rakotoarivony Lycée Jean-Joseph Rabearivelo 7, rue Andrianampoinimerina . Analakely . Antananarivo
LES ARTISTES
Alizé . Malala Andrialavidrazana . Jean Andrianaivo Ravelona . Philippe Gaubert . Joan Paoly . Mat Li . MiMaDa . Môta Soa . Ndao Hanavao . Zahra Rabeharisoa . Fenosoa Rahajamalala . Viviane Rakotoarivony . Harivola Rakotondrasoa . Zoly Rakotoniera . Michèle Rakotoson . Emile Ralambo . Rina Ralay-Ranaivo . Maurice Ramarozaka . Antoine Ratrena . Fela Razafiarison . Ketaka Razafimisa . Rijasolo . serge henri rodin . Samoëla . Ludonie Velotrasina . Vonjiniaina
Exposition de groupe :mentalKLINIK . Rina Ralay-Ranaivo . Temandrota
Une proposition de Joël Andrianomearisoa
Hakanto Contemporary Antananarivo
Exposition du 27 février au 4 septembre 2021
Beyond all you are mine. Au-delà de tout, tu es mien.
Une affirmation joyeuse dans un temps où le futur reste incertain. La fin nous semble loin ! Et que sera demain ? Une déclaration de vie au moment où le souffle nous manque. Comment respirer ? Avec qui ? Une assurance d’amitié forte même quand le monde d’aujourd’hui semble désemparé. Allons-nous danser un jour ? Un baiser ? Un état d’amour quand le patriotisme naïf pointe trop son nez.
Trois artistes se délivrent pour affirmer que nous sommes toujours ensemble, inspirés et vivants. Le souffle du temps nous appartient et nos désirs vont au-delà de tous les horizons.
Le premier est une force malgache. Temandrota. Il manipule la terre, il pétrit le feu, il triture nos cœurs pour en donner de nouvelles résonances. Il esquisse dans son installation immersive Kolondoy de nouveaux territoires, de nouveaux terrains de jeux pour nous confronter aux questions de demain et à nos envies profondes.
Le second, du Bosphore en passant par les rives de l’Ikopa, les :mentalKLINIK brouillent les pistes d’un jeu entre matérialité, luminosité et sentimentalité. Sans géographie mise à part celle de l’émotion. Entre l’idée du 2, du 3 ou plus … Le couple :mentalKLINIK nous convoque à questionner l’idée d’un nouvel amour et surtout celui que l’on porte sur Antananarivo. Another love.
Et le troisième, Rina Ralay Ranaivo qui partage son coeur entre Antananarivo, Berlin et l’ailleurs, invoque dans sa pièce Chapitre I, ses fantasmes, nos ancêtres et l’Histoire le long d’un fleuve imaginaire à traverser. Encore une fois traverser l’eau, traverser le temps, traverser l’autre, traverser les frontières, pour se retrouver et affirmer qu’au-delà de tout tu es mien.
Fabriquer le désir, le désir d’être dans le monde, se glisser dans la caresse du vent, et se laisser emporter.
“Je ne suis rien. Je ne serai jamais rien. Je ne saurais vouloir être rien. À part ça, je porte en moi tous les rêves du monde.”
Fernando Pessoa
Ici c’est ici, d’ici nous regardons le monde, d’ici nous rêvons aussi le monde. Songeons, parlons rêves, rêvons – car c’est en rêvant que nous pourrons affirmer un nouveau souffle malgache à travers ses formes créatrices du présent en regard avec des artistes et des formes d’expressions d’ailleurs.
Dans le propos il n’y a pas de médiums figés. L’exposition affirme la polyphonie des formes dans un jeu du temps avec ses illusions et ses réalités. Le menu n’est pas fixe. Le menu est sans frontières. Le chef Lalaina Ravelomanana donne le ton en revisitant un plat populaire malgache au rythme des Nofy rock de Kristel. Le contexte est le jeu, la diversité, la règle. Le couple éternel d’Istanbul :mentalKLINIK réinvente un nouvel amour, un nouveau jeu d’amour en face des nouveaux mots dessinés de Môssieur Njo. Dans une diversité de lignes, le jeune designer Domi Sanji mêle ses terres en confrontation avec Alexandre Gourçon et ses plis infinis.
Ramily, le père de la photographie contemporaine malgache un peu tombé dans l’oubli, retrouve la lumière dans sa série emblématique entre désert et foisonnement végétal.
L’artiste plasticien Donn installe sa pièce entre cauchemar et tendresse comme la chorégraphe Judith.
Manantenasoa parle de la douceur du chaos. Le tout baigné de notre folle mélancolie malgache à travers un dialogue littéraire permanent entre Jean-Joseph Rabearivelo et Elie Rajaonarison.
Des rencontres improbables pour motiver et surprendre. L’artisanat rencontre la chanson. La photographie est robe.
Les mots deviennent toiles. Tissons la littérature, allumons les feux, dansons l’architecture, parlons couture, habillons le présent. Brodons la cuisine et humons les fleurs. Les rêves sont ma réalité, un autre genre de réalité. Les rêves d’Iarivo. Les songes du monde. Partons à la dérive. Rêvons.
Ici à Madagascar nous portons tous les rêves du monde.